Arrêter de fumer fait repousser le cerveau !

Dans Molecular Psychiatry, Karama et coll. ont utilisé les données issues de la « Lothian Birth Cohort 1936* » pour étudier l’effet du tabac sur le cerveau, soit 504 sujets. Ci-joint leurs observations en se servant d’IRM cérébrales.

Premièrement, la consommation de tabac est significativement associée à la réduction de l’épaisseur corticale, principalement dans les aires préfrontales (p<0,001). Le cortex désigne la substance grise périphérique du cerveau. Chez l’être humain, l’épaisseur corticale est comprise entre 1 et 4,5 millimètres. Elle pourrait s’avérer un excellent biomarqueur dans le cas de certaines maladies (maladie d’Alzheimer, schizophrénie …). Le lobe frontal, situé derrière le front, intervient essentiellement dans la planification, le langage et le mouvement volontaire.

Deuxièmement, les auteurs mettent en évidence une relation « dose-effet ». Ils retrouvent une corrélation négative significative entre l’importance de la consommation en paquet-années et l’épaisseur corticale globale des sujets (p<0,001).

Troisièmement, les auteurs retrouvent une association positive entre l’épaisseur corticale et la longueur du délai depuis la dernière cigarette fumée. Pour chaque année sans fumer, les anciens fumeurs récupéraient en moyenne 3,69 µm d’épaisseur corticale. A titre de comparaison, pour chaque paquet-année fumé, les fumeurs « en cours » avaient une épaisseur corticale diminuée de 3,21 µm. Il faut donc 0,9 année sans fumer pour corriger les effets d’une consommation d’1 paquet-année de cigarette.

Cette étude de suivi à l’aide de l’IRM semble donc confirmer l’impact délétère du tabac sur l’épaisseur corticale. La persistance de cette association négative après ajustement suggère un effet neurotoxique direct du tabac. Mais l’intérêt de cette étude est aussi la mise en évidence du caractère « réversible » de cette neuro-toxicité.

Les auteurs apportent donc un substrat anatomique crédible à l’association entre le tabac et la démence, mais suggèrent également la réversibilité de cet effet à l’arrêt du tabac, ce qui pourrait représenter une belle motivation au sevrage pour les fumeurs.

arret du tabac et neurones